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Isabelle Saporta, PDG de Fayard, placée dans une situation intenable

La victoire d’Isabelle Saporta n’a duré que quelques jours, comme la vie d’un papillon. La présidente-directrice générale de Fayard pensait avoir évité l’orage et sauvé son poste quand la direction d’Hachette Livre, propriété de Vivendi, le groupe de Vincent Bolloré, a confié, jeudi 22 février, la direction de l’une de ses petites maisons d’édition, Mazarine, à Lise Boëll, l’ex-éditrice d’Eric Zemmour. Cette toute petite entreprise, jusqu’à présent filiale de Fayard, était censée devenir une filiale à 100 % d’Hachette Livre. Façon de couper clairement les ponts entre Isabelle Saporta et Lise Boëll, qui édite de nombreux auteurs d’extrême droite, comme Philippe de Villiers et, sans doute bientôt, Jordan Bardella.
L’hypothèse de l’arrivée de Lise Boëll à la tête de Fayard, soutenue par la direction de Vivendi, a été évoquée. Celle qui incarne à elle seule dans l’édition la croisade civilisationnelle que Vincent Bolloré mène dans ses médias (CNews, C8, Europe 1, Paris Match ou Le Journal du dimanche) a pourtant fait l’objet de deux audits d’une rare sévérité.
Son management toxique a été critiqué chez Plon, filiale d’Editis, quand ce groupe appartenait à Vivendi. L’éventualité de son entrée chez Fayard a légitimement inquiété la patronne de la maison mais aussi les salariés et les auteurs. Au point qu’Isabelle Saporta a refusé de voir son salaire multiplié par trois pour avoir Lise Boëll sous sa coupe et a mis un veto catégorique à ce qu’elle utilise la marque Fayard.
Or, l’un des points abordés, lundi 26 février, par la direction d’Hachette Livre lors d’une réunion du comité social et économique contredit l’annonce de la semaine dernière. Il est prévu de créer une deuxième licence pour Lise Boëll, baptisée Mazarine/Fayard. Ce qui reviendrait à reconstituer des conditions semblables à l’imbroglio connu chez Plon : une maison historique déchirée entre deux directrices qui pilotent chacune leur équipe, dans des locaux différents, en préparant des rentrées littéraires distinctes, voire opposées.
Pour que le logo Mazarine/Fayard puisse être utilisé, il faut encore que le mandataire social de Fayard lui accorde une licence. Or, Isabelle Saporta, qui n’a pas répondu à nos questions, n’a aucunement l’intention de parapher ce changement. Se pose aussi la question du fonds de Mazarine – 150 titres au catalogue dont les premiers romans d’Aurélie Valognes ou encore Le Bon Plaisir (1983), de Françoise Giroud. Ou le fait – baroque – que Fayard, la maison d’édition où sont publiées les œuvres d’Alexandre Soljenitsyne, doive reprendre les titres « new romance » prévus sous la bannière Mazarine.
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